MEILLEUR DU X
Ce mois-ci nous faisons plein feu sur le magazine SM " Dmagazine ". Nous recevons aujourd'hui son rédac chef : Francis Dedobbeleer
Bonjour Francis. Dmagazine est assez récent. A quand remonte-t-il et comment est née cette belle aventure ?

DMag
Pas du tout, "D Magazine" existe depuis des années mais il a connu quatre formules successives, pas toujours très différentes d'ailleurs mais qui ont, pour d'obscures raisons techniques, fait recommencer les aventures diverses au numéro un. Mais "D Magazine" est encore plus vieux que ça puisque d'une certaine façon il est le successeur de la revue "Dèmonia" censurée sous le gouvernement Juppé par le Ministre de l'Intérieur dont je préfère oublier le nom. En fait cela fait plus de 6 ans que je collabore aux revues éditées par le Groupe Dèmonia.

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Pour beaucoup le SM est un univers étrange et marginal. Qu'en est-il exactement, c'est un milieu très fermé ou bien on peut y accéder sans trop de difficultés?

DMag
Non, le milieu SM est loin d'être un cercle fermé. Il n'y a rien de plus simple que d'accéder à des soirées comme "La Nuit Elastique". Il suffit d'enfiler un pantalon en cuir ou en vinyle et voilà que toutes les portes s'ouvrent devant vous. Cela dit pour moi, je trouve le milieu du X vraiment étrange, tout autant qu'être fonctionnaire, contrôleur des impôts ou patron d'une société qui fait fortune en vendant de l'eau. C'est clair, le SM est marginal comme le sont l'homosexualité, la bisexualité, l'échangisme, l'exhibitionnisme, le voyeurisme. Mais enfin quand on additionne tout cela, on est finalement majoritaires à prendre notre pied autrement que dans la position du missionnaire. D'ailleurs je ne crois pas en la sincérité de beaucoup de gens qui affirment être très éloignés de toutes ces pratiques. Je suis convaincu que la majorité est hypocrite. «a doit sacrément remuer dans les cerveaux de certains qui traitent les autres de "malades" et qui fantasment comme des fous une fois sous la couverture.

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Votre magazine a une rubrique Internet des sites du moment, ainsi qu'un agenda de soirées SM et Fétichistes. En parlant de cela peux-tu nous donner de manière précise la différence entre SM et fétichiste ?

DMag
Ce sont deux univers distincts, qui se croisent relativement souvent mais pas forcément. On peut être fétichiste sans être SM et le contraire. Le fétichisme et le SM nous touchent tous d'une façon plus ou moins prononcée dans notre vie sexuelle, qu'on l'admette ou non. Le fétichisme c'est le fait de tripper sur une matière ou un vêtement. Chez nous c'est plutôt le cuir, le latex, les talons aiguilles mais en fait il y des fétichistes de tout : de la soie, du jeans, des baskets, des porte-jarretelles, des bas à couture, des mini-jupes. Nous représentons l'aspect le plus radical des tendances fétichistes qui habitent tout le monde. Pour le SM, si l'en s'en tient au sens strict du terme, c'est le plaisir dans la douleur, que ce soit subi ou donné. Il n'y a pas de sadomasochisme s'il n'y a pas consentement et plaisir. Souvent le SM s'accompagne de tenues fétichistes mais ce n'est pas le cas pour tous les pratiquants.

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Le public SM/fétichiste est sans doute constitué d'une clientèle très exigeante. Que recherchent-ils dans cette pratique ? Et y a-t-il une tendance actuelle du SM en ce début du XXIème siècle ? En clair, les pratiques ont-elles évolué de manière significative ?

DMag
Non, le public SM n'est pas plus exigeant qu'un autre, il n'en a simplement rien à cirer des blondes aux seins siliconés, des conneries que l'on voit dans les films X. La communauté SM est composée de personnes fascinées par les tenues et les scénarios. C'est dire qu'elle est non pas exigeante, mais insensible à tout ce qui fait bander l'hétéro de base.

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On parle de pratiques extrêmes. Qu'en est-il ?

DMag
Qui parle de pratiques extrêmes ? Pas moi. Je m'en fous. Cela n'a aucun intérêt, l'extrême de l'un n'est pas l'extrême de l'autre. Pour moi l'extrême c'est la censure, l'armée, les guerres faites au nom de la religion, la répression, des femmes sous des voiles. Pour moi l'extrême c'est la religion, le communisme et le fascisme. Alors que l'on ne vienne pas me parler de violence dans le SM, là il on ne compte strictement aucun mort, ce qui n'est pas le cas partout o l'on met la religion, l'ordre et la morale en avant. Pour moi l'extrême, c'est ne pas offrir la trithérapie à tous les pays sous-développés, c'est ne pas condamner le pape qui dit aux chrétiens d'Afrique de ne pas se protéger !

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Enfin , " la Nuit à l'Elastique " est une grande soirée que vous promotionnez. Que s'y passe-t-il ?

DMag
Je fais mieux que la promotionner, je l'organise. Il s'y passe ce qui se passe dans toutes boîtes : on se rencontre, on danse et on boit un verre. La "Nuit Elastique" décevrait tous les partouzeurs. Chez nous ce qui compte c'est une piste de danse bien remplie et une foule qui s'amuse. Le détail qui fait toute la différence c'est qu'à la "Nuit Elastique" on ne peut entrer si l'on est pas en cuir, en latex, en vinyle, travesti ou en uniforme (soubrette, médecin, militaire.). Pas d'exception même pour nos amis et pour les journalistes. Nous sommes à la fois les plus stricts sur ce point et aussi la plus grande soirée fétichiste de France, loin devant toutes les autres. Et ce depuis deux ans.

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Dans ces soirées il y a le fameux " Strict dress code ". Ce qui signifie que le simple curieux ne peut pas y entrer s'il ne respecte pas une tenue "imposée " ?

DMag
Il n'y a pas de place pour les curieux à la "Nuit Elastique" : ou l'on fait un effort, ou l'on reste dehors. Et on ne discute pas, c'est pas SM ça comme méthode ! Mais que l'on ne s'y trompe pas, les portes s'ouvrent facilement. Mettre un pantalon en cuir ou en vinyle pour y aller, ce n'est quand même pas le bout du monde.

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Merci Francis et bonne continuation pour votre mag.
Max et Natacha
Et pour ceux qui veulent en savoir plus :
Francis Dedobbeleer est né en 1961. Après avoir été bassiste d'un groupe punk bruxellois (H2SO4), éditeur d'une multitude de fanzines de bandes dessinées et punk-new wave, il édite sa première revue SM à 17 ans, "Souffrances". Il éditera ensuite "Moda-Moda", "Look d'Enfer", sera le premier rédacteur en chef de "Secret Magazine", ouvrira la première librairie érotique de Belgique "Pas-Sage" avant de lancer "Sentiment Moderne" puis "Talons Aiguilles".
¿ partir de 1985 il sera également rédacteur en chef de nombreuses revues éditées par le groupe Dèmonia avant de reprendre la direction du magazine phare du groupe "D Magazine".
Côté soirées, il a été le premier organisateur francophone de soirées fétichistes ouvertes au grand public, que ce soit "La Nuit du Désir" (Bruxelles), "La Nuit Impossible" (Bruxelles) et "La Nuit Elastique" (Paris). Cette dernière est aujourd'hui la plus grande soirée réellement fétichiste de France (avec un record de 420 entrées) tandis que "La Nuit Impossible" détient le record absolu en Belgique avec par deux fois plus de 600 entrées.
Parallèlement Francis Dedobbeleer organise avec son associé Olivier Pé deux autres soirées plus modestes mais strictement SM : "La Nuit des Dominas" et le "Banquet des Soumises".